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Les souvenirs sont des caillou lisses que la mer emporte

Le Lieu (Québec), mai 2023, dans le cadre du festival Caniches

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Chaque fois que je pars, je récolte les coquillages, les mots, les morceaux de soleil tombés sur la grève. J’enfouis dans mes poches vitres polies, torrents intérieurs. (C’est l’immensité du monde que j’essaye d’attraper entre mes paumes.) Je les place en ordre de grandeur sur mon lit, et je les oublie quelque temps, le temps de laisser la sève des jours couler d’elle-même. Puis, je défais l’ordre des souvenirs. Si la mémoire est une matière malléable, j’en travaille la pâte. Je réorganise. Je dissèque. Je retrouve. J’accepte une possible disparition. J’entremêles mes récits intimes pour qu’ils ne forment qu’une seule histoire, recousue et fragmentée: une histoire de fuites et de départs, qui raconte un rapport poétique au territoire. Une histoire de la douleur et du ravissement, de la mort et surtout, de l’existence quand celle-ci est frémissante, pleine comme un fruit trop mûr sur le point d’exploser.

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